Thème et propos : Nous venons de voir que, quand on produit un discours, c’est pour parler de quelqu’un ou de quelque chose et pour en dire...
Thème et propos :
Nous venons de voir que, quand on produit un discours, c’est pour parler de quelqu’un ou de quelque chose et pour en dire quelque chose.
Ainsi, quand un parent d’élève vient voir un enseignant, celui-ci lui dira par exemple : « Votre fils ne travaille pas. »
Ce disant, il parlera du fils, qui sera l’objet du discours, et il apprendra au parent que ce fils ne travaille pas, ce qui constitue l’information transmise par ce discours.
On dira que votre fils constitue le thème du discours, c’est-à-dire ce dont on parle ; c’est un élément connu qui sert de déclencheur au discours. Ne travaille pas constitue le propos, c’est-à-dire l’information nouvelle que l’on veut communiquer au sujet du thème.
On dira aussi que le thème est l’élément connu tandis que le propos constitue l’élément nouveau, l’information proprement dite.
En effet, quand l’enseignant parle du fils, le parent le connaît bien, puisque c’est son fils ; par contre, quand il lui dit qu’il ne travaille pas, voilà quelque chose que le parent apprend à ce moment-là, puisqu’il n’était pas censé le savoir auparavant. Ainsi donc, dans un texte, l’auteur parlera toujours d’un thème. Mais comment passe-t-il par exemple d’un thème à un autre ? C’est ce que nous allons essayer de voir maintenant.
3. La progression thématique
Il s’agit de voir comment s’ordonnent les différents thèmes d’un texte et quels rapports s’établissent entre eux. Cela permettra de dégager la structure lexicale et sémantique du texte.
3.1. La progression à thème constant.
C’est le même thème qui apparaît d’une phrase à l’autre dans tout le texte.
Observez le texte suivant :
« Ils firent une incursion à la fête foraine… Ils firent deux parties de billard japonais… et s’achetèrent de la barbe à papa… Ils auraient bien voulu monter dans les autos tamponneuses, mais ils durent se contenter de regarder les adultes en faisant les gestes de la conduite… Ils se promettaient que, lorsqu’ilsseraient grands, ils viendraient à la fête foraine et, riches, s’offriraient tous les moyens de réjouissance… »
R. SABATIER, Les allumettes suédoises.
Vous aurez noté la répétition du sujet ils, qui est le thème, et qui revient dans chaque phrase.
On conserve le même point de départ et on y revient à chaque fois, au fur et à mesure qu’on avance dans le texte.
Il peut en résulter une certaine monotonie. Ils faut bien entendu remonter un peu plus haut dans le texte pour savoir à qui se rapporte
ce ils. Et là on verra qu’il s’agit de trois jeunes garçons : Loulou, Capdeverre et Olivier.
Il faut cependant noter que le thème n’est pas toujours un même mot qui est répété. Cela peut-être une succession de substituts. Par exemple :
« J’ai rencontré un des mes amis en ville. C’était Omar le boulanger. Il faisait des courses en prévision d’une fête qu’il allait organiser. Cet homme sensé s’y prenait à l’avance pou tout préparer tranquillement. »
Ici, le même thème est représenté par quatre éléments différents : un de mes amis, Omar le boulanger, il , cet homme.
Cette variation lexicale permet de limiter l’impression de monotonie qui aurait résulté, comme dans le premier texte, de la répétition du même terme.
Cette progression se rencontre surtout dans les textes narratifs.
On peut schématiser ainsi ce type de progression :
Phrase 1 : Thème 1 (ils) + Propos 1
Phrase 2 : Thème 1 (ils) + Propos 2
Phrase 3 : Thème 1 (ils) + Propos 3
Etc.
1.2. La progression à thème linéaire :
ce ils. Et là on verra qu’il s’agit de trois jeunes garçons : Loulou, Capdeverre et Olivier.
Il faut cependant noter que le thème n’est pas toujours un même mot qui est répété. Cela peut-être une succession de substituts. Par exemple :
« J’ai rencontré un des mes amis en ville. C’était Omar le boulanger. Il faisait des courses en prévision d’une fête qu’il allait organiser. Cet homme sensé s’y prenait à l’avance pou tout préparer tranquillement. »
Ici, le même thème est représenté par quatre éléments différents : un de mes amis, Omar le boulanger, il , cet homme.
Cette variation lexicale permet de limiter l’impression de monotonie qui aurait résulté, comme dans le premier texte, de la répétition du même terme.
Cette progression se rencontre surtout dans les textes narratifs.
On peut schématiser ainsi ce type de progression :
Phrase 1 : Thème 1 (ils) + Propos 1
Phrase 2 : Thème 1 (ils) + Propos 2
Phrase 3 : Thème 1 (ils) + Propos 3
Etc.
1.2. La progression à thème linéaire :
Dans ce type de progression, le thème d’une phrase est issu du propos de la phrase précédente, ainsi qu’on peut l’observer dans cet exemple :
« L’escalier par où Halmals et lui étaient descendus, à la suite des autres fugitifs, se terminait (…) par un étroit couloir voûté. Ce couloirs’ouvrait sur une profonde fissure naturelle du sol…Cette fissure, absolument dérobée aux regards, serpentait sous des végétations impénétrables.
V. HUGO, Quatre-vingt-treize.
Vous constatez que le thème de la phrase 2 (couloir) vient du propos de la phrase 1 tandis que le thème de la phrase 3 (fissure) vient du propos de la phrase 2.
On peut schématiser ce type de progression de la façon suivante :
Phrase 1 : Thème 1 + Propos 1
(escalier) (couloir)
Phrase 2 : Thème 2 + Propos 2
( couloir) ( fissure)
Phrase 3 : Thème 3 + Propos 3
( fissure) etc.
Cette progression convient bien aux textes descriptifs. D’ailleurs, souvent, le thème ne reprend pas tout le propos dont il dérive, mais une partie seulement, ainsi que dans cet exemple :
« Un guéridon, un vase contenant des fleurs en papier, puis les rideaux de l’alcôve, le lit, une armoire ; près de l’armoire, une petite porte recouverte de tapisserie. Près de la porte, une chaise, des linges, pantalons et jupes brodés. »
J. GIONO, Le Hussard sur le toit.
3.3. La progression à thème éclaté (ou thèmes dérivés).
Cette progression est plus complexe que les précédentes. On part toujours d’un hyperthème(thème générique) qui va être en quelque sorte décomposé, c’est-à-dire découpé en plusieurs sous-thèmes, comme dans le texte suivant :
« Mais il secoua la tête et, en apercevant l’accumulation des richesses, il se calma. Des plaques de bronze, des lingots d’argent et des barres de fer alternaient avec les saumons d’étain (…) ; les gommes du pays des noirs débordaient de leurs sacs en écorce de palmier ; et la poudre d’or, tassée dans des outres, fuyait insensiblement par les coutures trop vieilles. »
G. FLAUBERT, Salammbô
Cette progression peut être schématisée ainsi :
Phrase 1 : Hyperthème : richesses
Phrase 2 : plaques de bronze
Phrase 3 : gommes
Phrase 4 : poudre d’or
On notera que, dans certains cas, l’hyperthème n’est pas évoqué ; mais il peut être reconstruit a posteriori, comme dans l’exemple suivant :
« Elle était devenue pareille aux autres (…) ; des langues de feu lui brûlaient les bronches à chaque respiration ; une douleur aiguë et fausse lui sciait l’épaule ; une fatigue qui n’était ni généreuse ni voulue battait du tambour dans sa poitrine. »
J. P .Sartre, La mort dans l’âme.
La progression thématique s’organise ainsi :
Sous-thème 1 = langues de feu
Sous-thème 2 = douleur
Sous-thème 3 = fatigue